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Comment accompagner les émotions de mon enfant ?

Souvent face aux émotions de nos enfants, il nous arrive de nous retrouver démuni. Nous avons parfois du mal à faire avec nos propres émotions, à les comprendre et à les guider. Accompagner celles de nos enfants fait indéniablement échos à celles que nous avons ressenties lorsque nous étions enfants. 




L’étymologie du mot émotion vient de é = extérieur et de motion = mouvement.


L’émotion est une réaction psychologique et physique à une situation. Elle se manifeste par une réaction interne générant un mouvement externe et est reliée à une région cérébrale, qui joue un rôle dans la régulation et la mémoire émotionnelle.


L’émotion peut être provoquée par un souvenir, une pensée ou un événement extérieur. Elle nous guide en nous indiquant ce que l’on aime ou ce que l’on déteste.


Le courant évolutionniste, en psychologie des émotions, tire son origine dans les travaux de Darwin. Dans son ouvrage « The expression of the emotions in man and animals », 1872, il définit l’émotion comme une capacité d’adaptation et de survie de l’organisme vivant.

Le rôle de l’émotion est double : le premier est de produire une réaction spécifique à une situation déclenchée et le deuxième est de réguler l’état interne de l’organisme pour maintenir notre intégrité. Elle permet de se récupérer, de se reconstruire après une blessure par exemple.


On compte 5 émotions de base : la colère, la peur, la tristesse, la joie et le dégoût. Au delà de ces émotions de base se déclinent des sentiments comme la culpabilité, le désespoir, la rage, l’envie, la jalousie, la surprise, l’excitation, la tendresse, l’amour,…


L’émotion dure quelques minutes et se caractérise par trois étapes :


  • 1ère étape : l’émotion est déclenchée par la perception d’un stimulus. Son interprétation déclenche la charge de l’émotion. Certaines hormones sont libérées.

  • 2ème étape : le corps se met en tension, ce qui donne de l’énergie pour agir ou fuir. Notre émotion guide notre corps pour produire une réponse adaptée à l’environnement : attirance, rejet, fuite, action.

  • 3ème étape : la décharge est la phase d’expression qui permet au corps de revenir à son équilibre de base (ex-pression = mettre la pression à l’extérieur). C’est le cas d’une personne qui va pleurer outrembler après avoir vécu une peur intense.



 


Quelle est la différence entre une émotion et un sentiment ?


Il est utile de bien faire la différence entre « émotion » et « sentiment ». Il faut savoir qu’un sentiment naît d’une émotion ou d’un mélange d’émotions. C’est une construction mentale alors que l’émotion est une information transmise par le corps. Le sentiment est plus durable dans le temps car il persiste en l’absence de stimulus. Voici quelque exemples de sentiments : l’amour, la haine, la culpabilité, la jalousie, etc.


L’émotion est utile à exprimer. En revanche, il arrive qu’elle soit disproportionnée ou inadaptée à la situation. Cette réaction, ou ce sentiment, sont liés à une interprétation de la réalité. Inconsciemment, la situation nous renvoie à une émotion non exprimée dans un passé proche ou lointain. Comme nous l’explique Isabelle Filliozat :

« Pour se libérer d’une émotion désagréable, à condition qu’elle soit authentique, il suffit de l’exprimer. Pour se libérer d’un sentiment douloureux, il est nécessaire de démêler les nœuds émotionnels et de décoder les affects sous-jacents. Seuls ces derniers sont à exprimer physiquement. » 1



 

Filliozat, au travers de ces écrits, nous parle des différentes façon d’accueillir les émotions de l’enfant :


COMMENT ACCOMPAGNER LA JOIE DE MON ENFANT ?


La joie est l’émotion qui accompagne la réussite et l’amour. Elle est expansive et nous propulse dans les bras des uns et des autres. I. Filliozat nous explique que c’est une émotion extrêmement importante dans l’aptitude au bonheur et au développement de l’intelligence émotionnelle.


En se sentant fier, nous contribuons à notre bonheur car la fierté nous motive, nous pousse à aller encore plus loin ; qu’est-ce qui permet à un futur champion de le devenir ? Se réjouir de minuscules réussites qui vont entrainer la motivation pour un nouveau challenge. Apprendre à se dépasser est une source de joie immense autant physique qu’intellectuelle.


Comment pouvons-nous aider nos enfants à conserver leur aptitude à la joie ?


  • Les encourager, les valoriser et les féliciter. Nous pouvons les aider à se sentir fier d’eux même dans les petites choses et les inviter à manifester leur joie en criant, sautant, chantant, faisant un câlin,… ;

  • La joie peut également se manifester par la beauté esthétique de notre environnement : « Oh regarde comme les étoiles brillent, regarde les couleurs de ces fleurs ». 

  • Donner une place essentielle au rire car c’est un réflexe de santé psychique et physique. Le rire libère les tensions du diaphragme et c’est un excellent exercice de relaxation. L’enfant a besoin de rire pour grandir et se sentir exister. Il recherche le contact, sa joie est dans le partage avec l’autre. Il rit du partage, de la rencontre ; c’est ce qui fait des jeux d’apparition et de disparition de grands succès.

  • Reconnaître et verbaliser ses acquisitions car elles sont sources de joies intenses, de grandes fiertés et lui procurent du bonheur qu’il convient de partager. L’enfant éprouve des joies purement physiques (plaisir d’expérimenter avec son corps, joie de manipuler de l’eau, des objets, joie du câlin,…) ainsi que des joies plus intellectuelles (plaisir d’apprendre, de connaître, de partager et de poser des questions). Il s’émerveille donc face à l’étendue de ses possibilités.

L’amour et la joie sont l’engrais et le carburant de toute vie. Ce que nos enfants ont besoin par dessus tout, c’est d’amour. Non comme une récompense mais comme un carburant. malgré nos inquiétudes, nos irritations, l’amour ne doit jamais être utilisé comme moyen de pression.



 


COMMENT ACCOMPAGNER LA COLÈRE DE MON ENFANT ?


La colère est une réaction à la frustration d’un besoin et à l’injustice. Elle nous offre l’énergie nécessaire pour s’affirmer afin de préserver nos droits, notre espace et notre intégrité. Surgissant au moindre non-respect de notre intégrité, elle nous alerte sur nos besoins tant physiques que psychiques et nous permet d’harmoniser nos relations aux autres. Il est important de ne pas confondre la colère avec la violence et la prise de pouvoir sur l’autre.


Comment aider nos enfants à traverser une colère ?


  • Accueillir son émotion sans jugement en nous rendant disponible et à l’écoute ;

  • Accepter son émotion en verbalisant ce qu’on observe : « c’est vrai que c’est injuste, je comprend que tu sois en colère » ;

  • Permettre à l’enfant de décharger ce qu’il ressent en le plaçant dans un endroit où il ne peut ni se blesser, ni blesser quelqu’un d’autre. C’est important de maintenir le contact avec l’enfant tout en ne s’éloignant pas trop de lui et en lui faisant ressentir que sa colère est acceptée et respectée. L’enfant peut également avoir le besoin d’être contenu surtout lorsqu’ils sont touts petits car leurs gestes sont désordonnés et ils peuvent avoir peur de leurs propres cris ;

  • Lui permettre de crier, hurler, frapper dans un coussin de la colère, se dépenser (courir, sauter,)...;

  • Faire un câlin à l’enfant car cela sécrète de l’ocytocine (hormones du bien-être) et permet à l’enfant de s’apaiser et par la même occasion contrer l’hormone de cortisol (stress) produit par l’émotion de la colère.

  • Créer un contact visuel avec lui lorsqu’il s’est calmé et rétablir la relation positivement, recréer du clin afin de rassurer l’enfant, le calmer et lui transmettre tout l’amour dont il a besoin. Nous pouvons inviter l’enfant à s’exprimer s’il en a l’envie et lui demander s’il a besoin de quelque chose (un câlin, un bisous,...)

  • Proposer un jeu afin de lui permettre de passer à autre chose lorsque la situation est revenue à la normale.


 


COMMENT ACCOMPAGNER LA TRISTESSE DE MON ENFANT ?


La tristesse accompagne le travail du deuil. Une de ses fonctions principales est d’aider à supporter une perte douloureuse ou une grande déception. Les larmes de tristesse nous soulagent des événements qui nous affectent et nous permettent d’accepter la réalité. Les larmes guérissent et nous permettent d’accepter la réalité. Les pleurs nous permettent d’évacuer les toxines libérées par la peine. Il est important de savoir que la tristesse ne signifie pas dépression.

Les pleurs d’une tristesse sont brefs, soulagent et guérissent.

Les larmes de la dépression entretiennent l’état morbide. La tristesse a une fonction positive alors que la dépression nous enferme dans une spirale négative.


Ça fait du bien de pleurer, encore plus de pleurer dans les bras de quelqu’un qui sait nous écouter, nous accueillir sans que nos larmes cessent de couler, sans juger ni conseiller. Juste en étant présent.


Les larmes sont utiles afin de ne pas garder la tristesse au fond de son cœur. Une tristesse qui ne peut être pleurée et exprimée risque d’être bloquée en nous.


Surtout, laissons-nous aller à ces larmes, sans les retenir. Laissons les s’exprimer sans jugement, sans honte et sans crainte du regard des autres. Il en est de même pour nos petits bouts, autorisons-les à pleurer à chaudes larmes sans les en empêcher et sans écouter ces phrases toutes faites : « ah il pleure comme une fille », « c’est une mauviette », « les filles, ça fait que pleurer ». Sortons de tous ses préjugés et autorisons-nous à être triste et à l’exprimer.


Comment aider un enfant qui ressent de la tristesse ? 


  • Laisser simplement de l’espace aux pleurs et les encourager par des mots simples comme : « Tu es vraiment très triste de… », « C’est dur… ».

  • Demander à l’enfant ce dont il a besoin (doudou, tutute, câlin,…).

  • Prendre l’enfant près de soi, contre nous, sur nos genoux, dans nos bras ou en s’asseyant à côté de lui,…

  • Respirer calmement et profondément en sentant la respiration de l’enfant et en accueillant toute sa peine.


 

COMMENT ACCOMPAGNER LA PEUR DE MON ENFANT ?

La peur nous protège face à un danger. Elle aiguise nos sens. Tout notre corps est en alerte et le cerveau est en état d’urgence. Tout est prêt, en place, pour fuir ou vaincre le danger. La fonction originelle de la peur est d’assurer notre protection. Une peur est à respecter, à écouter et à accueillir.

Isabelle Filliozat dit :

« Quelqu’un de courageux n’est pas quelqu’un qui ne ressent pas de peur mais quelqu’un qui la vit en lui, la reconnaît, l’accepte et en tire ces enseignements qu’elle lui apporte. Ne pas éprouver de peur est dangereux ».

À chaque âge sa peur :

  • De 0-6 mois, notre petit peut avoir peur des bruits forts, d’être surpris par quelque chose, qu’on le lâche.

  • De 7-12 mois, il va traverser l’angoisse de séparation/d’abandon, peur des personnes inconnues, des bruits.

  • De 1-4 ans, peur des personnages (clown, père Noël), peur de l’obscurité, de la séparation. Il subit des peurs passagères comme peur de l’orage, des insectes.

  • De 4-8 ans, il peut se créer des peurs dues à l’actualité (mort, attentat,…), peur des monstres, être seul,…

Comment aider un enfant à traverser une peur ?


  • Respecter son émotion en l’acceptant car cela lui permet de sentir que celle-ci est reconnue.

  • L’écouter et l’aider à découvrir sa peur en l’accompagnant dans sa recherche par des reformulations et des questions comme « qu’est-ce qui te fait peur ? ».

  • Dédramatiser sa peur en reflétant son ressenti et en lui faisant part d’une peur que nous avions étant petit car cela lui permet de se sentir égal à nous.

  • Chercher ses ressources en le valorisant et en lui rappelant une peur qu’il a surmonté car cela lui permet ainsi de vaincre la nouvelle et de trouver la force nécessaire pour y arriver.

  • L’aider à libérer son énergie car quand nous avons peur, notre diaphragme est contracté. Nous pouvons alors aider l’enfant à le détendre : respirer profondément, chanter, crier, rire,…

  • Satisfaire son besoin d’informations car l’enfant peut ressentir le besoin d’être informé pour faire totalement face à sa peur. Par exemple : lui faire savoir si ce chien est dangereux ou non.

  • Élaborer différentes réponses possibles face à la peur en lui demandant de trouver une solution satisfaisante ou si celui-ci n’en n’est pas capable, l’aider à trouver une solution.



1) I. Filliozat. Au cœur des émotions de l’enfant.

2) I. Filliozat : L’intelligence du coeur

3) Daniel Goleman : L’intelligence émotionnelle

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